Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/66

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Gui ! liane ! palmier ! mon âme vous envie !
Mon cœur voudrait un lierre et s’enlacer à lui.
Pour passer mollement le gué de cette vie,
Je demande une femme, une amie, un appui !
 
— Un ange d’ici-bas ?… une fleur, une femme ?…
Barde, viens, et choisis dans ce folâtre essaim
Tournoyant au rondeau d’un preste clavecin. —
Non ; mon cœur veut un cœur qui comprenne son âme.
 
Ce n’est point au théâtre, aux fêtes, qu’est la fille
Qui pourrait sur ma vie épancher le bonheur :
C’est aux champs, vers le soir, groupée en sa mantille,
Un Werther à la main sous le saule pleureur.
 
Ce n’est point une brune aux cils noirs, l’air moresque ;
C’est un cygne indolent ; une Ondine aux yeux bleus
Aussi grands qu’une amande, et mourants, soucieux ;
Ainsi qu’en réfléchit le rivage tudesque.
 
Quand viendra cette fée ? — En vain ma voix l’appelle ! —
Apporter ses printemps à mon cœur isolé.
Pourtant jusqu’aux cyprès je lui serais fidèle !
Sur la plage toujours resterai-je esseulé ?
 
Sur mon toit le moineau dort avec sa compagne ;