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PREFACE.

quam est præclara, quámque diuina ? quæ primum efficit ut ea qua ignoramus discere, & ea quæ scimus alios docere possimus. Deinde, hac confortamur, hac persuademus ac consolamur afflictos, hac deducimus perterritos à timore, hac gestientes comprimimus, hac cupiditates, iracundiasque restinguimus, hæc nos juris, legum, urbium societate deuinxit, hæc à vita immani & fera segregauit.

Or comme ces paroles n’estoient que dites en l’air, & qu’on n’auoit pas l’art de les fixer, ni de les conseruer par l’écriture, on estoit obligé de se seruir de la seule tradition Cabalistique, les peres communiquant à leurs enfans, ou les maistres à leurs disciples, ce qu’ils auoient apris de leurs Ancestres ; semant ainsi dans leurs memoires les connoissances qu’ils auoient aquises par leur expérience & par leur long âge, qui leur tenoit lieu de Bibliotheque, s’instruisans dans ce grand Liure du Monde, qui est le seul & véritable Liure par lequel Dieu se communique aux hommes, & duquel les caracteres sont ses créatures, & par lequel les anciens Philosophes, ces grandes lumieres de l’antiquité, ont aquis leurs plus rares connoissances.

Mais comme bien souuent ils semoient leurs paroles en terre infertile, ie veux dire en de memoires peu heureuses, vne partie de leur science venoit à se perdre, & la vie des hommes estant deuenuë plus courte, ils trouuerent aussi leur science plus limitée, logée & réduite à moins de