Comme il parlait ainsi, sa tiare rebelle
Est tombée en arrière, et j’ai ri de plus belle !
— Qu’est-ce donc que le Christ ? Car ce nom que j’entends…
Un homme condamné voilà plus de vingt ans,
Pour avoir usurpé la couronne en Judée.
Elymas s’éloignait plein de sa sombre idée,
Quand j’aperçus plus loin, debout sur mon chemin,
Le bel Afranius, le duumvir romain ;
Il était rayonnant, comme c’est sa coutume ;
Sa chevelure d’or, que le myrte parfume,
Tombait sur son épaule ; on croirait tour à tour,
Apollon dieu des vers, Apollon dieu du jour !
Méchante ! Mais pour eux tâche d’être meilleure,
Car ils doivent souper avec nous tout à l’heure.
Rire d’Afranius, on le peut sans danger :
Il est joyeux et bon avec son air léger ;
Mais Elymas, rabbin sadducéen, m’inspire
Souvent plus de terreur que je ne puis te dire.
Sadducéen. — Quel est ce nom ?
Oh ! ce n’est point
Facile à t’expliquer, excepté sur un point :
Deux grands partis hébreux se disputent le temple
Et de la haine à tous donnent le triste exemple :
D’abord les Pharisiens, les meilleurs malgré tout,
Et les Sadducéens…
Qui sont moins de ton goût.
C’est vrai, car pour les Juifs ce sont de rudes maîtres,
Ce sont des hommes fiers, avares, haineux, traîtres,