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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/218

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LYDIE

Attends ! Le Sétia prend un parfum plus doux
Dans un vase obsidien. — Gyrine, donne-nous
Ces quatre coupes, là, sur ce coffre d’érable,
Et ne les heurte pas, prends garde…

(Gyrine, en prenant les coupes, les laisse tomber.)

Misérable !
Viens, donne-moi ton bras !

(Elle prend une épingle d’or dans ses cheveux et en pique le bras de Gyrine
qui tombe à ses pieds).
GYRINE, avec un cri terrible.

Ah !

LYDIE

L’autre bras !…

PAUL, descendant vers Gyrine.

Debout,
Pauvre esclave !

(À Lydie.)

Toi, femme, entends-moi jusqu’au bout.

ELYMAS

Comment ! ce tapissier va faire une harangue ?
Peut-être un Cicéron !

AFRIANIUS, riant.

Fais-lui couper la langue !

PAUL

Ne ris pas, duumvir ; toi, Juif, sois grave aussi.
J’ai lu dans un traité de Sénèque ceci :
Auguste, l’empereur qui fut d’abord Octave,
Soupait chez Védius Pollion. Un esclave,
En les servant, brisa des cristaux. Le méchant
Pollion ordonna qu’on jetât sur-le-champ
Dans un vivier l’esclave, et qu’il devînt la proie
De ce monstre des eaux, la hideuse lamproie ;
L’esclave cependant, frissonnant de terreur,
Vint tomber, criant : grâce ! aux pieds de l’empereur.