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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/219

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L’empereur appela ses licteurs, fit un signe :
« Qu’on arrache, dit-il, l’homme à son maître indigne ;
« Et puisqu’à ce spectacle on m’osa convier,
« Brisez tous ces cristaux et comblez le vivier ! »
Lydia, je n’ai pas la puissance d’Auguste ;
Mais, comme Pollion, tu fus un maître injuste
Et cruel ; tu vas donc par de mauvais chemins.
Cette esclave, que Dieu voulut mettre en tes mains
Pour qu’elle t’aide et non pour qu’elle t’appartienne,
Cette esclave à genoux, c’est ma sœur et la tienne !
Mais non : dans le courroux qui t’aveugle, crois-moi,
Le démon est ton maître, et l’esclave, c’est toi !

LYDIE

Oui, j’en conviens, je fus trop sévère peut-être ;
Par de meilleurs côtés tu me pourras connaître ;
Ta parole a vraiment un étrange pouvoir.
Es-tu content ?

PAUL

Sans doute.

LYDIE

Alors fais-nous-le voir
En t’asseyant avec ton élève à ma table.

PAUL

Mais, d’abord, montre-toi tout à fait équitable :
Que Gyrine avec nous prenne place au festin.

ELYMAS, à Afranius.

Quelle insolence !

AFRANIUS

Non ; j’aime ce ton hautain.

LYDIE, à Paul.

Quoi ! tu veux qu’une esclave…

PAUL

Oui, pas de fausse honte,
La réparation doit être entière et prompte.