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Page:Bornier - Œuvres choisies, 1913.djvu/242

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Mais j’ai lu dans vos yeux pendant que je parlais :
Tu tremblais, Lydia, Mégara, tu tremblais ;
Était-ce seulement une pitié de femme
Qui mettait cette crainte et ce trouble en votre âme ?
Non, c’était mieux ! C’était la lente vérité
Qui sur vous étendait sa douteuse clarté.
Puissé-je voir, après cette lueur première,
Y descendre à présent la complète lumière !
C’est pour cela qu’il faut que nous restions, ma sœur.

LYDIE

Ah ! Paul, dans un instant, là, sans un défenseur
Qui veuille vous sauver, hélas ! ou qui le puisse,
On viendra vous saisir, vous traîner au supplice !

MÉGARA

Oui, Faustus, la prison, les tortures, et puis…

FAUSTUS

Sois chrétienne, et je pars.

MÉGARA

Chrétienne ! Ah ! je ne puis.

PAUL

Lydia, sois chrétienne, et je pars.

LYDIE

Moi, chrétienne !
Non ! je connais trop mal ma doctrine et la tienne ;
Plus tard je chercherai, je verrai si j’ai tort,
Oui, je te le promets ; oui, Paul ; mais pars d’abord !

PAUL

Je reste.

LYDIE, montrant l’horizon en feu.

Mais regarde… Oui, là-bas, ce nuage…
Afranius avait raison, voici l’orage.
La foudre gronde au loin ; les torrents débordés
Vont fermer les chemins. — Malheureux ! Regardez !