Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/40

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j v ŒUVRES COMPLÈTES

Quand la mère est partie, il dormait dans son lange ; Elle a longtemps, du seuil, regardé le cher ange ; Et la sœur de l’enfant qui veillait près du lit... Mais depuis le matin, que de périls peut-être ! La faim, le feu, le froid, l’escalier, la fenêtre ! Que fait-il donc, le tout petit ? La mère veut courir, voler... il faut attendre ! Et les cris de l’enfant, qu’elle ne peut entendre, Retentissent au fond de son cœur jusqu’au soir... <c Demain je resterai, dit-elle, que m’importe De gagner plus d’argent, si je suis folle ou morte r J’ai des enfants, c’est pour les voir ! » Demain, tu reviendras au travail, pauvre femme, Mais sans larmes, sans peur, sans tristesse de l’âme ; Prête-nous-les le jour : nous avons des berceaux [closes| Bien blancs et bien moelleux dans des chambres bien Tu les retrouveras, ce soir, gentils et roses Et chantant comme des oiseaux !

Chantez donc dans vos nids et dormez dans vos crèches, Chérubins, chérubins ! têtes blondes et fraîches ! Grandissez, scuriez à nous qui nous courbons ! Préludez par la joie aux combats de la vie : Qui connaît la tendresse ignorera l’envie ; Soyez heureux, vous serez bons ! Juin i86y.