Page:Bornier - Poésies complètes, 1894.djvu/72

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00 ŒUVRES COMPLETES Mettant là leur espoir, leur vie et leur fortune, Fertilisant un roc sur des flots incertains, Ils chasseront loin d’eux cette crainte importune : Les cratères sont-ils éteints ? I I C’est là ton imprudence, et c’est aussi ta force, Humanité changeante où tout tressaille et bout ; Ces volcans qui du globe ouvrent la rude écorce, Tes révolutions leur ressemblent partout ; L’inextinguible feu, l’éternelle géhenne, Sous ta gloire et ta joie et tes mille splendeurs, Sans cesse alimenté par quelque sourde haine, Travaille dans tes profondeurs ! Tout à coup, un bruit sourd, comme une plainte im- [mense], Frappe le genre humain et s’accroît lentement : Bientôt l’éruption formidable commence, Est-ce la mort qui vient ? Est-ce un enfantement ? Nous l’ignorons, et Dieu le veut ainsi peut-être, Et 1 "homme, épouvanté dans l’obscur ouragan, Songe à fuir son destin plutôt qu’à le connaître ; Fuir !... où fuir ? partout le volcan !