LES ILES DE SANTORIN 59
Le volcan courroucé, monstrueuse fournaise, Indomptable élément quand arrive son jour, Brisant de toutes parts sa voûte qui lui pèse, Envahit la mer à son tour ;
Sur les flots lourds et noirs court un fleuve de soufre, Des rochers enflammés se heurtent dans les airs, Un tonnerre incessant gronde au fond de ce gouffre, Et ce n’est pas du ciel que viennent les éclairs ! Tremblez, humains ; tremblez, les faibles et les braves ; Vos vaisseaux effrayés cherchent en vain le port, Partout la cendre pleut, partout montent les laves, Partout le vertige et la mort ! Regardez : du volcan s’épuise enfin la rage. Et la mer, bouillonnante au loin, se calme aussi ; Regardez : quel est donc là-bas, près du rivage, Cet amas de rochers inconnu jusqu’ici ? C’est une île nouvelle, une fille des ondes, Comme Rhodes, Délos et l’antique Anaphé ; Elle s’élève, noire, au sein des eaux profondes Où le volcan a triomphé ;
Ce n’est qu’un sombre amas de lave encor fumante ; Les hommes cependant vont accourir bientôt ; Travailleurs oublieux de l’affreuse tourmente, Pour rebâtir leur nid prenant ce noir îlot,