Page:Bosquet - Guide manuel de l’ouvrier relieur - 1903.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La fabrication du maroquin ou peau de chèvre, et son application à la reliure est de date plus récente. Le grain du maroquin n’avait pas anciennement la forme qu’on lui a donnée de nos jours. Ce grain, qui n’existe dans la peau qu’à l’état rudimentaire, se développe plus ou moins sous l’action d’une paumelle, ou planchette en liège avec laquelle on roule la peau, en la repliant sur elle-même du côté de la fleur. Les anciens maroquiniers donnaient à ce grain une forme allongée en roulant la peau à peu près dans le même sens. Ils faisaient subir aux peaux certaines préparations, qui, tout en lissant la surface de la fleur, leur permettait d’accentuer plus ou moins leur grain selon la nature ou l'épaisseur des peaux. Cette même préparation se pratique encore de nos jours, et les peaux ainsi préparées se nomment maroquins à grains longs.

Le maroquin le plus employé de nos jours est celui dont le grain arrondi est obtenu par l’action de la paumelle que l’on fait agir en tous sens. Cette dernière forme date du commencement de notre siècle. On le désigne sous les noms de maroquin du Levant, maroquin à gros grains et maroquin chagrin. La nature des peaux de chèvre diffère sensiblement selon leur origine. Les plus belles et les plus nourries nous viennent du Maroc et surtout du Cap. Ces dernières sont très recherchées à cause de leur taille qui est énorme, et aussi pour la beauté et le relief de leur grain. Les chèvres d’Europe sont plus petites, leurs peaux sont moins charnues, le grain qu’on peut leur donner est en raison de la nature de ces peaux ; elles sont en général d’une grande solidité et d’un bon emploi pour la reliure. On les teint en toutes nuances ; elles sont de plus très propices à la dorure.

Les basanes ou peaux de mouton sont employées