Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
MONUMENTS DRUIDIQUES.

et qui semble pareillement un menhir renversé, passe pour recouvrir les restes mortels de saint Cénery. — Menhirs d’Orgères : on trouve sur des bruyères et dans un vallon, aux environs de l’énorme rocher d’Orgères, sur le territoire de Saint-Patrice-du-Désert, plusieurs pierres qui offrent les caractères non équivoques de monuments druidiques. La principale, connue sous le nom de Pierre levée, quoiqu’elle soit maintenant couchée sur le sol, était un menhir d’une assez forte dimension. Deux autres menhirs moins importants, mais encore debout, existent sur la bruyère de Guerre-à-mè, également en vue de la grande roche. — Menhirs de Cercueil : l’un est encore debout, il est surnommé Pierre de la Tremblaie ; l’autre est gisant sur le sol. Il existe encore un menhir à la lande de Gui, parmi beaucoup de rochers. Une pierre, que l’on a cru reconnaître pour un menhir, est située dans la forêt d’Écouves à Colombiers ; on la nomme la Roche Druelle[1].

Il reste encore plusieurs vestiges de monuments druidiques sur les deux communes du Champ-de-la-Pierre et de Joué-du-Bois ; mais on remarque particulièrement deux rochers debout, qui paraissent avoir été élevés par la main des hommes. Au point de séparation de ces deux communes, s’élève aussi une petite chapelle dédiée à la Vierge, et qui doit avoir remplacé quelque monument druidique. C’est, du moins, ce qui semble résulter d’une gracieuse tradition, imaginée sans doute à dessein de combattre, dans cette contrée, le souvenir persévérant des dieux celtes[2].

Un rocher s’élevait, dit-on, sur l’emplacement où se trouve

  1. F. Galeron, Monuments historiques de l’arrondissement d’Argentan ; — Monuments histor. de l’arrond. d’Alençon ; (Mém. de la Société des Ant. de Normandie, 1835, p. 1 et suiv., et p. 431 et suiv.)
  2. Les premiers apôtres du christianisme érigeaient souvent des églises dans le voisinage des pierres druidiques, afin de détourner de leur but idolâtre les adorations qui se pratiquaient en ces lieux consacrés. On a même remarqué que, pour mieux flatter encore les habitudes traditionnelles du peuple, ces églises étaient, pour la plupart, placées sous le patronage de la vierge Marie et du prince des apôtres, Saint Pierre.