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xiii
introduction.

nations perfides dont les Fées et les Dames blanches entourent le voyageur solitaire qu’elles rencontrent sur la cime des monts, au milieu des vastes plaines, au bord des bois et des torrents, il y a une image très frappante du vertige physique et moral qui s’empare souvent de l’homme en présence de la nature. Mais, tous ces faux prestiges des sens et de l’imagination, dont nous avons appris à triompher si facilement à l’aide de quelques calmes insinuations de la raison, se trouvaient augmentés jadis par l’influence de la peur, cette émotion fatale que tout concourait, alors, à produire et à développer.

Si l’on se reporte, en effet, au milieu d’une civilisation imparfaite comme celle du moyen-âge, il sera facile d’imaginer combien de piéges étaient dressés aux inquiétudes d’un esprit superstitieux. C’est que tout alors était dangers et confusion : quelque chose d’inextricable, qui embarrassait la sphère des idées, se présentait de même sur chaque point de la surface du monde matériel. Sans franchir les limites de notre province, croyez-vous que la Normandie offrît aux regards, comme maintenant, des plaines immenses, couvertes de moissons, parées çà et là de quelques riches bouquets de bois, et couronnées de collines aux pentes assouplies. Non ; même dans notre opulente patrie, la main laborieuse du défricheur n’avait pas encore arraché les ronces et les épines semées