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Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/327

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CHAPITRE XV.

ciers, se mettre à l’abri des enchantements, détruire les maléfices : On asperge sa maison avec de l’eau bénite de Pâque ; on suspend, au linteau de sa porte, une branche d’églantier ou de buis bénit ; on attache, à la corne des bestiaux, de petits sachets remplis de sel. Il est bon de conserver chez soi, toute l’année, les restes de la bûche de Noël, appelée aussi Tréfouet. Le jour de la Saint-Jean-Baptiste, on doit faire une ample moisson de verveine ; outre la propriété reconnue à cette plante de chasser les démons, d’écarter les voleurs et de dissiper forage, on lui attribue toutes sortes de vertus médicinales. Les fleurs cueillies le jour de la Saint-Jean deviennent aussi d’excellents spécifiques, et, de plus, ont l’avantage de ne se flétrir jamais.

Si l’on va en voyage, il est prudent, pour éviter la rencontre des sorciers, de mettre ses bas à l’envers, et de placer, en dedans des bottes, la boucle de l’éperon.

On aurait cru, autrefois, se mettre mal avec le diable, si on ne lui eût pas conservé la dernière part de pitance. Maintenant, il n’en est plus ainsi. On refuse encore quelquefois le piquet honteux ; mais ce n’est que par raffinement de politesse et de discrétion.

Aux alentours de Jumiéges, on emploie, pour guérir les maladies d’animaux, causées par maléfices ou autrement, un procédé très simple, mais dont tout le mérite consiste encore dans cette bizarrerie puérile qui leurre si aisément la confiance des crédules. Avant le lever du soleil, le jour de la Saint-Jean, on va pieds nus, et surtout en évitant d’être vu, cueillir, non dans son propre champ, mais dans celui de quelque voisin, deux poignées de seigle dont on forme un lien. Quand un animal vient à être malade, on lui passe ce lien autour du corps, et l’on récite ensuite l’évangile de saint Jean. Au moment où l’on prononce ces paroles : « In principio, etc. », l’animal doit bondir et donner ainsi signe de guérison.

On remarquera, d’après ce que nous mettons ici sous les yeux du lecteur, combien l’intervention de saint Jean-Baptiste