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CHAPITRE PREMIER.

Diable, célèbre par ses épouvantables méchancetés et ses crimes malicieux. Après le décès de sa femme Inde, le duc Aubert se remaria avec Berthe, une des nièces de Dolin de Mentuel, de Girard de Roussillon, et de Aymes de Dourdonne, extraits du noble lignage de Dolin de Mayence. Berthe donna au duc Aubert un second fils, Richard Sans-Peur, qui eut la survivance du duché de Normandie. Il fut l’un des douze pairs de France, si célèbres dans les annales romanesques du cycle Carlovingien[1].

Il existe une différence marquée entre cette généalogie, que nous trouvons consignée dans les anciennes chroniques, et celle que nos Trouvères ont adoptée dans le roman poétique de Richard Sans-Peur, si nous nous en rapportons aux versions manuscrites conservées jusqu’à nous, mais qui ne sont point, il y a lieu de le croire, la rédaction primitive. Richard Sans-Peur, disons-nous, est désigné, dans le roman qui porte son nom, comme le fils, et non comme le frère de Robert-le-Diable.

Il n’est guères cy homme, de ce ne doubtes mye,
Qui naye de bout en bout toute histoire ouye
De Robert-le-Diable, qui fut de Normendie,
Mais de Richart son fils vous vueil compter la vie.

Peut-être ne faut-il pas prendre cette variante en trop grande considération ; il se pourrait qu’elle ne fût qu’une licence poétique due à quelque caprice d’auteur.

Le roman de Robert-le-Diable est entaché d’une faute d’un autre genre : il omet de mentionner le nom des ascendants de son héros. Ces capricieuses négligences de poète n’étaient sans doute que pour laisser le champ plus libre aux ingénieux paradoxes, aux spécieuses inductions, aux conjectures métaphoriques, qui sont les menus plaisirs de la science.

Nous avons dit que Robert-le-Diable comptait autant de prototypes supposés qu’il a d’homonymes dans la lignée des

  1. Les Cronicques de Normendie, Rouen, 1558, in-8, ch. 6.