Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
394
CHAPITRE XIX.

Taurin, continua de se montrer dans la cité d’Évreux, sous diverses formes, mais sans pouvoir nuire en rien à personne. C’est à ce diable malicieux que le vulgaire donnait le nom de Gobelin.

Le même historien avance une autre particularité qui se rattache encore aux traditions relatives à saint Taurin : Le sol naturellement humide et fangeux de la contrée qui avoisine Évreux, produit beaucoup de couleuvres et de serpents. Les habitants, alarmés de ce fléau avaient supplié saint Taurin de les en délivrer. Le charitable prélat intercéda auprès du Seigneur, pour que ce danger fût au moins éloigné de la ville. Depuis ce temps, non-seulement aucun animal venimeux n’a pénétré de lui-même dans Évreux, mais ceux qui, par hasard, y ont été introduits, sont toujours morts sur-le-champ.

Précisément à l’endroit désigné par la légende, on montre, de nos jours, le sarcophage de saint Taurin, et c’est encore à un miracle que l’on attribue la découverte de ce tombeau :

Pendant l’époque où saint Viator occupait le siège épiscopal, c’est-à-dire sous le règne du roi Clotaire I, et vers la fin du sixième siècle, un habitant d’Évreux, nommé Landulphe, et connu depuis sous le nom de saint Lau, s’était retiré dans une caverne, à une lieue de la ville, pour s’y livrer à la prière et à la méditation. Un jour qu’il récitait ses matines, il entendit près de lui des voix célestes qui répétaient en chœur : « C’est aujourd’hui qu’il faut célébrer la fête de saint Taurin, dont le nom brille dans toute la France. » Landulphe alla consulter son évêque saint Viator, sur cette vision, mais ce prélat mourut trop tôt pour participer à la gloire de retrouver le sépulcre du premier pasteur de son église. Alors, Landulphe ayant été élu successeur de saint Viator, les voix l’avertirent une seconde fois de commencer ses recherches ; puis, une colonne lumineuse lui apparut, qui touchait le ciel d’un bout, et s’appuyait de l’autre sur la terre. Le fervent évêque creusa le sol à l’endroit même où posait la base de la colonne, et il