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CHAPITRE XX.

ville. Pour assurer son triomphe, le saint employa le même moyen qui devait, un siècle plus tard, réussir si parfaitement à saint Romain. Il passa son étole, emblème du joug puissant de la religion, autour du cou de la bête furieuse, et l’amena à sa suite, depuis un bois voisin de la porte Arborée, lieu qu’elle avait choisi pour repaire, jusqu’au bord de la rivière de Drôme, où il la précipita. À certaines époques de l’année, la Bête Saint-Loup, possédée de la fureur des démons, revient errer encore autour de l’église consacrée à son céleste vainqueur. Si vous étiez assez incrédules pour penser que l’unique fondement de cette histoire est dans le nom du saint à qui elle a été attribuée, allez à Bayeux, et l’on vous montrera le lieu même où le miracle s’est opéré. Vous trouverez aussi un bas-relief sur la porte de l’église, un tableau dans l’intérieur, lesquels sont destinés à servir de témoignage de la vérité de ce fait, ainsi qu’à en perpétuer le souvenir[1].

Dans le siècle suivant, saint Vigor, aussi évêque de Bayeux, qui remporta dans cette ville de grands triomphes sur l’idolâtrie, sut délivrer d’un horrible serpent les terres d’un seigneur riche et puissant appelé Volusien. En considération d’un si grand service, Volusien céda à saint Vigor la terre de Cerisy, pour y fonder un monastère. Par une rencontre, qui semble ôter encore un degré de crédibilité à cette histoire, c’est dans la rivière de Drôme, ainsi que la Bête Saint-Loup, que fut précipité le serpent de saint Vigor.[2]

Saint Samson vivait dans la première moitié du vie siècle ; il n’était point originaire de la Normandie, mais du pays de Galles, et évêque de Dol. Une mission, digne de son ministère, l’appela auprès du roi Childebert. Après l’avoir accomplie, il se disposait à regagner son diocèse, comblé des marques de munificence du monarque, lorsque celui-ci lui demanda en

  1. Pluquet, Superst. de l’arrond. de Bayeux, p. 17. — Hermant, Hist. du diocèse de Bayeux, prem. partie, p. 32.
  2. Hermant, Histoire du diocèse de Bayeux, première partie, p. 48.