Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/446

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
413
MIRACLES EMBLÉMATIQUES.

retour un service signalé ; c’était encore de combattre un monstrueux serpent, épouvantail de toute la contrée. Or, saint Samson n’en était pas à sa première épreuve de ce genre ; il s’était signalé déjà comme l’antagoniste victorieux de ces hideux reptiles, images du péché. Aussi se fit-il conduire sans hésitation à la caverne du monstre. Les légendaires, qui se plaisent, dans toutes les histoires analogues, à reproduire les mêmes détails, consacrés par la tradition, nous peignent aussi saint Samson passant son étole autour du cou du terrible serpent. Ils ajoutent ensuite que le saint chanta un psaume d’actions de grâce, et traîna l’horrible bête jusqu’au bord de la Seine. Il lui commanda alors de passer le fleuve, et d’aller s’ensevelir vivante sous une pierre qui gisait sur le rivage opposé. Childebert voulut qu’il demeurât un témoignage impérissable de ce fait glorieux : saint Samson ne retourna point dans son diocèse avant d’avoir fondé la magnifique abbaye de Pentale, où plus tard ses restes mortels furent déposés[1].

La grotte, devenue célèbre par le miracle de saint Samson, est la même qui a porté depuis le nom de saint Germer, autre abbé de Pentale ; elle existe encore aujourd’hui sur le bord de la Seine, à peu de distance de l’ancienne abbaye, dans le hameau de Saint-Samson-sur-Risle, canton de Quillebeuf. L’église de Saint-Samson a été détruite en 1827, après une durée de près de treize siècles[2].


saint clair, sainte quitterie, saint léon.


Une tradition qui, comme la précédente, se reproduit très fréquemment en Normandie, est celle qui attribue, aux saints ayant subi le martyre de la décolation, le miracle d’avoir porté leur tête à la main jusqu’à certaines distances du lieu de

  1. A. Leprevost, Mémoire sur les monuments du départ, de l’Eure ; (Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, année 1828.)
  2. A. Canel, Essai sur l’arrondissement de Pont-Audemer, t. II, p. 58 et suiv.