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Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/454

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LÉGENDES HISTORIQUES.

À cette fable, quelques auteurs ont ajouté des définitions plus complètes de l’étymologie du mot Rothomagus. Une description de la ville et cité de Rouen contient ce préliminaire : « Rouen est dict par les latins Rothomagus ; et prend son nom du mot Roth, qui estoit une idole anciennement adorée en ce pays, qui fut fait démolir par sainct Melon, deuxième archevesque de Rouen, et, au lieu mesme où il la feit abbatre, fonda un temple ou plustost feit accommoder cestuy-cy au service du Dieu vivant et le dédia pour ceste fin : lequel auparavant n’estoit basti que pour un Dieu imaginé. Depuis, ce temple a esté érigé en prieuré de religieux ou chanoines de sainct Augustin, portant maintenant le nom de Sainct-Lô.

Or, de ce nom susdict Roth, et de Magus fils de Samothès, roy des Celtes et de toute la Gaule, fondateur de Rouen, est donc venu Rothomagus qui signifie Rouen[1]. »

Il y a tout lieu de penser que la tradition de l’idole Roth est de source fort ancienne, et par conséquent authentique. Dans une prose chantée autrefois à l’office de sa fête, on glorifiait saint Mellon de la destruction de cette idole : Extirpato Roth idolo. À vrai dire, cependant, ce ne fut que vers le xive et le xve siècle que s’établit le culte de saint Mellon dans l’archevêché de Rouen : un arrêt, du 21 octobre 1484, de la Cour de l’Échiquier, ordonna « qu’il seroit désormais chommé la fête de saint Mellon par la dite Cour. » Mais il n’est pas douteux que le culte de saint Mellon ne fût en honneur bien avant cette épo-

    les capitales y sont distinguées. Il en est mention également dans l’itinéraire d’Antonin, en lisant Ratomagus pour Latomagus, sur la route qui part du lieu nommé Carocatinum… L’altération que le temps a apportée aux dénominations dans leur état primitif, et en les tronquant, a fait changer le nom de Rotomagus en Rotomum, ou Rodomum, comme de Noviomagus on a fait Noviomum, et ainsi de plusieurs autres. (D’Anville, Notice de l’ancienne Gaule, p. 559 et 560.)

  1. Description contenant toutes les Singularités des plus célèbres Villes et Places du royaume de France, avec les choses les plus mesmorables advenues en iceluy, par François Des Rves ; à Troyes, chez Yve Girardon, demeurant en la Grande-Rue, près l’Asne Rayé, p. 232.