roi de Jérusalem, et sut remplir, dans ce poste difficile, une carrière non moins sainte que glorieuse[1].
En l’année 1106, le roi Henry i, après avoir pris et brûlé
Bayeux, tourna ses armes vers Caen, où se tenait alors son
frère Robert Courte-Heuse. Les habitants de Caen, justement
épouvantés, supplièrent le duc de délivrer un chevalier de
leur ville, nommé Thierry-le-Balafré, qui était retenu prisonnier
à Rouen, et qu’ils regardaient, à cause de sa grande
vaillance et de sa parfaite connaissance du métier des armes,
comme le seul guerrier qui fût capable de les défendre, et
digne de les commander. Le duc, à leur requête, l’envoya
chercher par quelques bourgeois ; mais, au retour, Thierry et
tous ceux qui l’accompagnaient furent faits prisonniers par
Robert de Saint-Remy, qui les épiait au passage, feignant de
courir le lièvre, pour avoir un prétexte de tenir la campagne.
Ce seigneur amena sa capture chez Robert de Thorigny, qui,
pour avoir les prisonniers à sa disposition, céda quatre seigneuries :
Colombière, la Charbonnière, Bougeville et le Val-sur-Erre.
Robert de Thorigny fit demander ensuite une entrevue
au roi Henry i, dans la forêt de la Lande-Pourrie. Là, ils
arrêtèrent ensemble qu’on renverrait les prisonniers sans
rançon, et qu’on les maintiendrait dans leurs biens, sous condition
qu’ils livreraient leur ville. Pour réaliser ce dessein,
Robert s’employa, avec tant d’adresse et de ruse, auprès des
prisonniers, que ceux-ci finirent par considérer qu’il était de
leur plus grand intérêt d’accepter la condition qui leur était
imposée. Les quatre principaux bourgeois qui souscrivirent à
cette transaction honteuse, et dont l’histoire a conservé les
noms, étaient Thierry, Renoux, Raoul et Nicole ; ils firent
venir de Caen leurs plus proches parents, fils ou neveux,
afin de les laisser en otage jusqu’à l’accomplissement de leur
- ↑ Chroniques de Normandie.