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— Et vous croyez, en supposant qu’elle évite le péril d’une liaison où elle ne s’engagerait que par lassitude, qu’elle ne gagnera pas au moins, à ce contact de l’amour, quelque attendrissement de cœur applicable à un autre ?

— Cette prévision est un peu lointaine. Je vous admire ; tant d’inquiétude par pur zèle de la vertu !

— Et par affection pour madame de Malmont ; mais je crois pouvoir affirmer mon désintéressement.

— Alors laissez faire : pour être vertueuse, il ne faut pas aimer ; mais pour être aimable, il faut être aimée. Mes principes sont vieux, mais ils sont bons ; vous le reconnaîtrez un jour, et qui sait ? peut-être vous me remercierez de les avoir suivis.

— Moi ! comment ?

— Je ne sais ; je dis vous… comme un autre. Ce qui est certain, c’est que l’homme le plus vertueux auprès de la femme la plus vertueuse a toujours quelque chose à gagner quand l’amour a passé par là.

Et comme madame de Nerville s’aperçut que le regard de Félicien l’interrogeait avec une