Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/138

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« — Comment ! tu lis ce livre ? me dit-il avec une surprise à laquelle se mêlait une intention moqueuse.

« — Vous croyez peut-être que je le lis sans le comprendre ; vous vous trompez, et, ce qui le prouve, c’est que je ne l’achèverai pas !

« — À la bonne heure !

« Sans m’arrêter à ce mot, je lui demandai s’il pourrait me dire qui avait raison, dans la question de la grâce et de la liberté, des jésuites ou des jansénistes.

« — Distinguons, comme diraient les Pères, m’a-t-il répondu. Philosophiquement parlant, les jansénistes ont raison : notre liberté, bornée comme toutes les autres facultés de notre nature, a besoin d’une grâce extérieure qui lui vienne en aide pour fuir le mal qui la tyrannise et embrasser le bien qui l’attire et la rebute en même temps. Cette grâce, elle est dans le concours que nous prêtent, suivant notre disposition ou notre croyance, les lois, la société, la philosophie, la religion et certaines autres circonstances favorables. Voilà pour la théorie ; mais, dans l’application, c’est tout différent : nous devons reconnaître une puissance entière à la liberté. Paralyser le mou-