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celui d’une étude quelquefois agréable, plus souvent aride. Je ne vois aucune nécessité, puisqu’ils ne m’attirent pas, de faire violence à mes goûts ; car je les trouve plus dangereux, moins sains et moins solides qu’on ne me l’avait dit. »

Madame de Nerville s’amusa beaucoup de la lettre d’Adrienne. Elle aussi trouvait superbe cette petite jeune femme qui le prenait de si haut avec Corneille, Racine, Molière, Pascal et tous les écrivains du grand siècle. Cette orgueilleuse pudeur qui ne veut plus baisser ni détourner les yeux, et qui exige que la littérature soit tout habillée de feuilles de vigne, lui paraissait une invention nouvelle et merveilleuse. Ôter à Satan le droit d’exister, supprimer la tentation pour assurer la vertu, n’est-ce pas une œuvre digne du génie du dix-neuvième siècle ?

Elle donna la lettre d’Adrienne à lire à Cécile ; mais celle-ci ne participa point au plaisir philosophique et malin qui avait réjoui sa tante. Comme les personnes qui sont sous l’empire d’une vive préoccupation et qui retrouvent partout la même pensée, elle ne saisit