Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/152

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gneur tout seul. Quelles personnes inviteras-tu avec lui ?

« — Un peu de monde administratif d’abord : le préfet, le maire, le procureur général, le premier président.

« — Et ensuite ?

« — Dans la société de ma mère, je compte au moins douze personnes, les femmes comprises, que je suis obligée d’inviter, d’autant plus qu’elles sont aussi de la société intime de Monseigneur.

« Ici, mon mari se récria avec une énergie dont je fus atterrée.

« — Non, dit-il, je n’entends pas ouvrir ma maison aux amis de ta mère : ce serait justifier l’ennui qu’ils me causent. D’ailleurs, comme je ne recevrai jamais que les gens que j’estime, je veux qu’ils aient chez moi toute liberté de pensée et de parole, qu’ils n’aient aucun espionnage à craindre. Or, tes dévots et tes dévotes sont tous plus ou moins des inquisiteurs en fonctions.

« — Quelle prévention affreuse ! m’écriai-je.

« — Est-ce que, je ne les entends pas ? On ne médit point chez ta mère, c’est trop peu dire : on enregistre les faits et gestes de toute