Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/154

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chose qui ne se voit que chez moi. Partout la femme choisit son monde et le mari accepte ; et c’est justice, puisque c’est elle qui a la responsabilité de l’honneur de sa maison.

« Il est vrai que Félicien me répète sans cesse : « Arrange tes réceptions comme tu l’entendras, et dispense-moi d’y paraître. » Comme si son absence ne serait pas une protestation ! Et quelle position équivoque que celle d’une jeune femme qui affiche sa rupture avec son mari !

« Ah ! madame, si un juste orgueil ne me soutenait, si je me laissais aller à m’attendrir sur moi-même, que je trouverais de motifs pour me plaindre ! Quelle profonde tristesse, avec une destinée en apparence si heureuse ! »

Madame de Nerville devenait très-embarrassée de son rôle de confidente : elle commençait à comprendre que toute conciliation était impossible entre les opinions d’Adrienne et celles de Félicien, et par suite entre le plan de vie que chacun d’eux eût adopté, livré à son indépendance. Il fallait que l’un ou l’autre se transformât, abjurât son passé, ses habitudes, même en conservant ses croyances ; mais