Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/155

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comme ils paraissaient également attachés à leur manière d’être, il était à craindre aussi que leur ténacité ne fût égale.

Mathilde se prenait de commisération pour Adrienne, qui se donnait tant de peine pour être malheureuse ; mais lui conseiller de s’abandonner entièrement à la direction de son mari, — qui était d’ailleurs incapable de faire violence à ses sentiments religieux, — c’était s’exposer à perdre sa confiance sans aucune chance de succès. On ne pouvait l’influencer que par des avis détournés. Madame de Nerville crut avoir trouvé une excellente occasion de lui démontrer que les femmes de la meilleure renommée dévote n’étaient point toutes aussi absolues qu’elle dans leur rigidité, en lui offrant l’exemple de madame de Linières. Mathilde la connaissait depuis longtemps et avait approfondi sa diplomatie féminine.

Après quelques phrases banales de condoléance sur ses chagrins, madame de Nerville disait à Adrienne :

« Quoi ! votre mari s’est humanisé pour madame de Linières ? Cela ne me surprend pas. Elle n’est point femme à manquer la conquête