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avec les passions, George Sand leur enseignait l’éloquence de l’amour et l’art d’idéaliser de tendres faiblesses, Scribe l’esprit et les manières ; d’Alfred de Musset elles empruntaient une sensibilité railleuse, une gaieté mouillée de larmes ; grâce à Béranger, le piquant de la licence gauloise ne leur était point inconnu ; enfin Lamartine et Chateaubriand ont fait leur éducation religieuse. Je crois vous avoir entendu dire que le Génie du christianisme n’est point un livre approuvé généralement. Il est possible que ce ne soit qu’un christianisme frelaté ; mais du temps de ma jeunesse, et de celle de madame de Linières, c’était orthodoxe comme l’Évangile.

« Tant d’éléments mêlés pouvaient bien établir quelque confusion dans les vocations ; la phalange féminine n’était peut-être pas aussi bien dressée que maintenant. Mais enfin, l’âge aidant, ce fut l’impulsion religieuse qui triompha. Moi, leur aînée, je leur ai vu opérer tout doucement leur quart de conversion. Cette indécision apparente dans les débuts ne les a point empêchées d’être des servantes très-actives de l’Église. Ce sont elles qui ont créé le monde religieux tel qu’il est : elles ont entraîné leurs