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« Depuis que j’habite Paris je l’ai rencontrée dans plusieurs maisons ; elle venait souvent ici, ses fils faisant leur éducation dans je ne sais quel établissement religieux. Quelques personnes la blâmaient de ce choix ; mais elle professait hautement cette maxime à la barbe des universitaires : La religion d’abord, le latin ensuite.

« Malgré des déclarations si précises, madame de Linières n’est point scrupuleuse et timorée à l’excès. Ceci n’était pas de son temps. On ne faisait pas autrefois son salut par enthousiasme et pour son agrément, comme maintenant ; on le faisait à son corps défendant, un peu par contrainte et par nécessité.

« Surtout on ne s’avisait point de mettre sous cadenas l’esprit des anciens et des modernes. Les femmes qui étaient encore à leur première jeunesse, il y a vingt-cinq ans, avaient des mères qui se souvenaient de Parny et qui avaient lu Candide ; aussi tout leur semblait édifiant dans les livres dont leurs filles faisaient leurs délices. Celles-ci eurent des maîtres brillants dans toutes les choses de l’âme et de l’intelligence : Victor Hugo leur communiquait son lyrisme, Alexandre Dumas les familiarisait