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cher, me laisser guider par les enseignements que j’ai reçus jusqu’ici, ou suivre le maître que l’on m’a donné dans les sentiers mêlés et obscurs qu’il fréquente ? »

En rouvrant le livre, elle voyait ces mots : « Mon enfant, je vous donne pour pratique la paix. » — Quelle douce pratique ! reprenait-elle ; mais, puis-je me la procurer seule ? La paix veut l’accord de deux cœurs, de deux volontés : il y a aussi deux sortes de paix. Plutôt une guerre acharnée que cette paix morne qui naît de deux antipathies qui se contiennent. Et pourtant, mon Dieu ! c’est cette paix-là qui nous menace.

« Je vous donne pour pratique la fuite des compagnies dangereuses, » lut-elle encore. Et elle se demanda quelles étaient pour elle les compagnies dangereuses. Elle n’avait jamais été entourée que de gens dont on pouvait tirer honneur et édification, de gens riches et pieux, considérables et considérés ; c’était le choix du choix ! Par quelle fatalité, se disait la pauvre Adrienne, sont-ils devenus en exécration à mon mari ?

Elle passa rapidement sur plusieurs petits livres de méditations mystiques où l’on ensei-