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gnait à l’âme à faire abnégation de tous ses sentiments naturels en les remplaçant par une ferveur amoureuse pour la personne divine.

— Je n’ai jamais été capable de tant de perfection, disait Adrienne componctueusement, et mon mari m’en écarte encore. Il me fait manquer mon bonheur en cette vie et mon salut en l’autre, à moins que la miséricorde de Dieu ne me tienne compte de mes épreuves.

Adrienne trouva ensuite sous sa main les narrations de certains miracles qui venaient de surgir : apparitions de madones, d’hosties sanglantes, etc. La véracité de ces prodiges était établie dans des dissertations où l’on critiquait avec une violence doucereuse, mais implacable, certains prélats dont la prudence s’était abstenue de porter un jugement. Adrienne remarqua qu’elle n’avait point eu connaissance de ces controverses : ses préoccupations étaient si constantes qu’elle n’était plus au courant de rien.

Elle laissa aussi de côté de longues paraphrases sur des dictons populaires, dont on faisait des applications dévotes, afin qu’on eût toujours en vue le respect qu’on doit aux Révérends Pères, en disant : « L’habit ne fait pas