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évidents des lois naturelles. Ainsi, pauvre et vertueuse, elle attirait à elle les billets de banque, comme le diamant attire les brins de paille et de papier. Complaisant mensonge des fictions dévotes ! C’est la pauvreté alliée au vice, et non la pauvreté unie à la vertu, qui est susceptible de produire ce magnétisme prodigieux.

— Voilà au moins des ouvrages, s’écriait Adrienne, sur lesquels on peut jeter les yeux sans crainte.

Elle lut avec tant d’admiration qu’elle se crut émue ; elle n’avait plus rien à envier à Félicien : elle aussi avait eu son heure d’enthousiasme littéraire !

Ce n’était là pourtant qu’un premier succès ; la mesure de sa joie fut comblée quand elle mit la main sur un livre de morale spécialement destinée aux femmes, où celles-ci étaient divisées en catégories. Elle s’oublia bientôt à cette lecture, et elle en sortit avec un délicieux rassasiement d’exhortations onctueuses et fleuries. C’était là tout ; point de conseil sérieux et fort. Mais Adrienne était enivrée et ne s’en aperçut pas. Elle devait s’abuser d’autant plus facilement que l’auteur semblait s’être appliqué à