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des apparences de concorde, c’est la seule chose faisable. Félicien alors, comme aux premiers temps de son mariage, hésitait à prendre ce parti. Il se répétait que c’était renoncer pour jamais à cette voie facile où le bonheur est placé sous la sauvegarde des mœurs, et dès lors s’environne de calme et de sécurité. Mais cet état mixte entre la désunion et l’accord ne pouvait être que de courte durée. Chaque circonstance nouvelle de la vie des deux époux devait donner un caractère plus violent à ces épreuves qu’ils subissaient l’un par l’autre, et l’apathie une fois secouée, les sentiments ou les passions qu’elle endormait allaient reprendre toute leur énergie.

M. Dautenay reçut une lettre de madame de Nerville qui lui apprenait un de ces affreux événements dont l’annonce cause toujours une vive émotion, dans quelque disposition que l’on soit à l’égard de ceux qui en sont les victimes. Madame de Malmont était veuve ; son mari s’était tué dans une maison de jeu de Hombourg. Elle allait se rendre immédiatement à Nancy : madame de Nerville l’accompagnait ; mais deux femmes ne suffiraient pas aux tristes devoirs qu’elles avaient à remplir.