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même rentrerait à la maison pour achever les préparatifs de départ du lendemain.

Au moment où madame de Nerville les quittait, Félicien et Cécile se trouvaient auprès de la place Stanislas, cette merveille de la Lorraine, qui, ce soir-là, avait égayé par un air de fête l’ennuyeuse solennité qu’elle doit au style royal des monuments qui la décorent. De nombreux becs de gaz l’illuminaient et faisaient des orgies de lumière derrière les vitres des cafés qui la bordent d’un côté. Ses fontaines, dont le flux cristallin s’épanouissait dans les vasques avec des pétillements sonores, idéalisaient leurs groupes mythologiques, en s’enveloppant dans la blancheur intense de ces flammes stridentes mêlée aux lueurs indécises des étoiles. D’une salle de bal improvisée qui se dissimulait dans un enfoncement de la place s’échappaient des sons que les vapeurs du soir promenaient moelleusement dans l’espace, en leur donnant des retentissements d’une harmonie limpide et pénétrante.

Les sensations joyeuses qui émanaient de cet aspect, de cet éclat et de ces mélodies froissaient la tristesse de Cécile et lui apportaient un remords. Elle se hâta d’entraîner Félicien