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sous les sombres ombrages du parc qui sert de promenade aux Nançois et qui est situé à l’une des extrémités de la place. Elle ne s’arrêta qu’à l’endroit où les notes égarées n’arrivaient plus à son oreille qu’avec des voix plaintives.

Là, elle s’assit accablée ; mais un nouveau tourment l’attendait : elle s’étonna de trouver si solitaires ces lieux qu’elle avait laissés peuplés de tant de rêves, rêves indéfinis et mystérieux qu’elle n’aurait pu expliquer, mais dont la présence invisible faisait frissonner le feuillage autour d’elle, attirait son cœur soulevé, comme une vague émue, dans des élans d’amour, et endormait ses chagrins sous d’impalpables et charmantes caresses.

Hélas ! plus de rêves : la solitude ou un fantôme glacé, la mort ! et plus désolant encore peut-être, un amour impossible.

— Oh ! que n’est-il là ! répétait tristement Cécile, que n’est-il là, vivant et joyeux comme autrefois, et que ne suis-je morte à sa place !

Félicien ne vit dans ces exclamations que l’accès nerveux d’une mélancolie exaspérée par des images funèbres. Il chercha à calmer sa compagne en lui montrant que le bonheur est