Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/210

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un moyen d’amélioration morale, elle devient une école d’endurcissement et de dessèchement de cœur.

— Si mes bonnes œuvres ne me profitent pas personnellement, elles profitent aux autres.

— Je crois, ma chère amie, que tu te fais une grande illusion sur leur efficacité matérielle. Sache que l’aumône est le plus insuffisant des remèdes aux misères sociales, et c’est pourquoi la charité est plus utile encore à celui qui donne qu’à celui qui reçoit, quand on la pratique toutefois autrement que tu ne le fais.

— Voilà encore ces paradoxes décourageants que vous inventez pour me désespérer ! s’écria Adrienne. Que la bienfaisance du monde soit insuffisante, je le conçois ; mais pouvez-vous nier les trésors de la charité chrétienne, quand vous êtes témoin tous les jours de ses magnifiques développements ?

— Développements bien magnifiques, en effet, qui ont toujours amené l’abaissement et la ruine des peuples assez malheureux pour y avoir recours. Prends pour réelles, si tu veux, les belles apparences qui te séduisent, je n’en dirai pas moins, ajouta Félicien en s’animant