Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/211

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au souvenir de sa récente déception, que votre charité est mauvaise.

Oui, parce que ce n’est jamais ni l’équité ni la sensibilité qui répartissent vos faveurs et vos dons, parce que vous êtes toujours guidés dans vos bonnes œuvres par des considérations étrangères au malheur de celui qui vous implore ; parce que le fanatisme du règlement vous fait limiter vos charités par des lésineries honteuses ; parce que vous détournez sans scrupule de leur application les aumônes qui vous ont été confiées ; parce qu’il ne vous en coûte rien de renvoyer un désespéré loin de vous ; parce que le poids des malédictions ne fait pas fléchir votre orgueil ; parce que vous achetez l’humiliation de celui même que vous soulagez ; parce que vous vous complaisez non dans votre dévouement, mais dans votre ostentation et votre tyrannie !

Jamais Félicien ne s’était laissé entraîner à tant de violence. Aérienne aurait dû chercher la cause secrète de cet emportement, pour le modérer. Au contraire, elle ne se préoccupa que de tirer parti des avantages qu’il lui offrait dans la discussion.

— Je voudrais bien savoir, dit-elle, où vous