Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/218

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— Je ne sais ce que vous voulez dire, répondit-elle ; j’ai remis à ma mère… l’écrit que vous m’avez donné.

— Mais vous l’avez lu, au moins, répliqua-t-il vivement. — Et son regard peignait toute l’anxiété de crainte et de désir avec laquelle il attendait sa réponse.

Adrienne baissa les yeux, devint très-pâle et dit :

— Oui.

Ce « oui » tremblant, cette pâleur furent pour le jeune homme une suprême consolation. Il demeura le reste de l’office confiné dans sa prière, le front courbé, sans interroger davantage Adrienne ni de la voix ni du regard.

L’émotion qu’elle avait manifestée ne se rapportait pas, cependant, toute à lui. Avec cette rapidité de rapprochements qui est le génie des femmes, elle s’était dit, pendant qu’il lui parlait, les yeux attachés sur les siens : « Ah ! il m’aime comme Félicien voulait m’aimer ! Je ne suis pourtant qu’une étrangère pour lui. Félicien pourrait-il regarder ainsi une autre femme ? » Cette idée singulière lui avait causé l’éblouissement d’un choc violent ; elle s’était sentie près de défaillir. C’est à ce moment de