Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/219

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faiblesse qu’elle avait fait la concession de ce oui si avidement accepté comme un espoir.

Mais l’illumination qui avait montré à Adrienne un abîme ouvert devant elle ne dura qu’un instant. Son inexpérience du cœur et des passions était telle qu’elle voyait toujours le scandale dans les choses les plus innocentes, et qu’elle ne soupçonnait jamais le mal où il devait nécessairement se développer. Sa conclusion fut donc celle-ci : « Tout irréligieux qu’est Félicien, il conserve encore quelques sentiments d’un honnête homme, et son mécontentement contre moi n’irait pas jusqu’à le conduire à cette indignité. »

Adrienne n’avait pas imaginé un mensonge vertueux lorsqu’elle avait dit à Eusèbe Forbin qu’elle avait remis à sa mère les vers qu’il lui avait adressés. Elle les avait lus et relus avec une agitation qui ressemblait à un plaisir mêlé de remords. Effrayée de cette émotion nouvelle, elle voulut s’en débarrasser promptement. Quelques instants avant les vêpres, madame Milbert étant venue chez elle, elle lui raconta ce qui s’était passé, et elle eut le courage d’ajouter que cet hommage prétendu, qui était une offense pour elle, ne devait pas rester