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— Ah ! disaient-elles, montées elles-mêmes au ton du lyrisme, ne croirait-on pas que toutes ces belles pensées ont été cueillies dans les jardins du ciel ? C’est un bouquet divin ! Eusèbe est une âme égarée un instant hors de la voie choisie, mais qui reprendra bientôt le chemin de la sanctification.

En attendant, madame Forbin interdit ce soir-là à son neveu d’aller chez madame Milbert, et, après avoir pris des conseils compétents, elle l’envoya faire une retraite de quinze jours dans un monastère de trappistes.

Le lendemain, madame Milbert profita de l’absence momentanée d’Adrienne, qui était allée seule faire quelques visites, pour avoir un entretien avec Félicien.

C’était la première fois qu’elle se hasardait à provoquer une explication ; mais ce jour-là elle se sentait en force. Elle ne craignit point d’adresser à son gendre une longue remontrance sur sa conduite envers sa femme ; elle lui reprocha l’abandon où il la laissait, la solitude qu’il lui avait faite ; enfin, elle insinua qu’avec une épouse moins vertueuse, moins bien élevée, tant d’indifférence, si peu de soins, un dédain si blessant ne seraient pas sans danger.