Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/224

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le lieu de leur résidence : à la ville ou à la campagne, en province ou à Paris, peu lui importait.

Adrienne avait bien eu déjà le soupçon que son mari entretenait cette pensée, mais elle ne pouvait se persuader qu’il en vînt à l’exécuter. Elle vit qu’il était temps de travailler au renversement de ce projet. Elle chercha de toutes les manières possibles à ébranler la persévérance de résolution que montrait Félicien : elle opposa ses raisonnements d’abord, puis sa volonté, puis ses larmes. Effrayée enfin d’une résistance inébranlable, elle fléchit jusqu’à se plier aux prières et aux caresses. Félicien crut pouvoir profiter de ces crises d’expansion et d’attendrissement pour l’entraîner à s’abandonner toute à lui. Il lui parla au nom de son affection méconnue, de la joie de leur jeunesse qu’elle laissait éteindre, du zèle qu’il avait eu pour leur bonheur qu’elle avait découragé, de la tristesse, de l’isolement d’âme auquel elle le condamnait.

Adrienne reprit les mêmes arguments contre lui : aux plaintes succédèrent les irritations, et les irritations aux plaintes. De part et d’autre, elles s’entremêlaient, produisant tantôt des