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lait l’aborder avec autant de calme que si dix années déjà eussent passé sur leur union.

Un mois après cette journée solennelle, les nouveaux époux, qui avaient fait un voyage en Belgique et remonté le Rhin de Cologne à Mayence, étaient rentrés en France par Strasbourg. Ils se trouvaient alors à Nancy, chez madame de Malmont, cette charmante sœur d’Adrienne, à qui Félicien avait, le jour des noces, présenté son ami Alphonse Morand.

Le soir était venu, une de ces belles soirées d’été où le jour se prolonge dans un crépuscule si doux, où la nuit est si brillante, que l’on ne sait quand l’une commence et l’autre finit. Tous deux mêlent leurs ombres et leur éclat, leurs fraîches émanations et leurs exhalaisons brûlantes, pour nous donner les heures les plus suaves que connaissent nos climats rigides et inconstants.

La jeune madame Dautenay, demi-éclairée par une bougie et par les lueurs mourantes du jour, écrivait auprès d’une fenêtre entr’ouverte qui donnait sur un petit jardin à compartiments, où, tout en causant, se promenaient