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d’épouser Adrienne. Nous n’avons rien dissimulé à cette époque, et depuis nous sommes restés ce que nous étions. Nous sommes-nous jamais mêlés de votre ménage ? Si nous avons eu quelque autorité sur Adrienne, ce n’est que celle de l’exemple ; mais on ne change point sa direction de vie, quand elle est inspirée par la conscience, parce qu’on marie sa fille. C’était à vous de prévoir ce qui est arrivé. Vous étiez plus éclairé que nous ; vous aviez l’expérience des choses nécessaires à votre bonheur, et nous ne l’avions pas. Si nous ne vous convenions point, il ne fallait pas rechercher notre alliance.

Ces reproches spécieux, accompagnés de vraies larmes, pénétraient le cœur de Félicien.

— Il est des moments, madame, dit-il, où la sagesse est bien difficile. Je gémis du sacrifice que je vous impose. Mais je veux, et vous devez le vouloir vous-même, éviter à tout prix une séparation entre Adrienne et moi.

— Est-ce que vous pensez, monsieur, reprit-elle moins attendrie et plus animée, ramener le bon accord et fortifier votre union avec votre femme, en foulant aux pieds tous vos devoirs ? Oui, vos devoirs propres. Quand un honnête