Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/231

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homme reçoit une jeune fille des mains de son père et de sa mère, c’est à charge de leur servir lui-même de fils. Vous délaissez notre vieillesse, monsieur ; mais il y a une malédiction, qui ne faillit jamais, portée contre l’ingratitude envers les parents.

Elle suffoquait de sanglots ; Félicien était navré, mais impassible. Adrienne entra ; elle avait entendu les dernières paroles de sa mère :

— N’avez-vous donc rien à lui dire pour la consoler ? s’écria-t-elle. Vous ne répondez pas. Promettez-lui que nous resterons ; je vous ferai toutes les concessions possibles ; j’irai au spectacle, je recevrai la société que vous choisirez.

— Il est trop tard ; c’est à des habitudes nouvelles qu’il faut demander un rapprochement entre nous, qui ne peut exister ici.

— Alors, partez quand il vous plaira ; je ne l’abandonnerai jamais.

— Si vous m’aimiez, Adrienne, voilà un mot que vous n’auriez pas prononcé.

— Et qu’est-ce que cet amour, dit-elle avec une dernière explosion, qui me commande le meurtre de ma mère ?

Sa poitrine haletait, ses membres se tordaient