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— Oh ! je suis persuadée, dit Adrienne avec ironie, que vous sauriez préserver mon fils de l’affectation de la sainteté ; mais ma fille, la piété extérieure lui serait-elle aussi défendue ?

— Tu feins de ne pas me comprendre ; expliquons-nous une fois là-dessus, et qu’il n’en soit plus question. Si nous avons une fille, j’attacherai à son éducation une importance extrême. Les rapports qui existent entre les sexes et l’organisation particulière des femmes amènent ce résultat qu’elles ne sont presque jamais nos égales ; ce sont nos esclaves ou nos maîtres. Mais dans une civilisation où domine le luxe, où règne la délicatesse, ce sont elles qui gouvernent. Ayons donc grand soin, tandis qu’il en est temps encore, de façonner le joug qui doit nous plier. Je veux que mon gendre me remercie un jour.

— Qui vous dit qu’il aura les mêmes idées, les mêmes convictions, ou plutôt les mêmes préventions que vous ?

— Le but que je me proposerais dans l’éducation de ma fille pourrait bien ne pas satisfaire tous les préjugés ; mais, en dépit de ces préjugés mêmes, il serait une garantie de concorde. Je travaillerais à lui inspirer un attachement