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la vie publique à laquelle un garçon est soumis dès son jeune âge. D’ailleurs il y a une éducation du cœur que la mère donne à ses enfants, sans y songer même, et qui est plus nécessaire encore au garçon qu’à la fille, parce que la nature le prédispose moins à la recevoir.

— Ah ! je craignais surtout que vous n’écartiez mon fils de moi : que je suis heureuse du contraire !

— Entendons-nous, cependant ; je ne serais pas bien aise que tu fisses de notre fils un de ces petits jeunes gens, comme on en rencontre maintenant dans le monde, qui sont sans cesse attachés, du moins ils s’en vantent, à la robe de leur mère ; qui savent éviter, à ce qu’ils prétendent, les pièges de tous les plaisirs de la jeunesse, le théâtre y compris ; qui n’ont point de délectation plus délicieuse que celle de savourer l’éloquence d’un prédicateur en vogue ; enfin, qui mettent toute leur petite fatuité d’enfants émancipés à se poser, en plein salon, comme modèles de sainteté, et qui vont édifier le premier venu du secret de leur confession.

— Que trouvez-vous de mal dans tout cela ?

— Rien que l’affectation : une affectation suppose toujours une hypocrisie.