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La première attaque qui menaça Félicien fut une anticipation sur le droit d’indépendance, d’indifférence même qu’il croyait avoir acquis à l’égard de sa femme. L’humeur d’Adrienne se modifiait singulièrement : la révolte orgueilleuse, l’opposition systématique qui lui étaient naguère si habituelles disparaissaient peu à peu pour faire place à une douceur grave, à des attentions un peu étudiées, mais dont le résultat était toujours la complaisance pour Félicien.

Celui-ci avait cru d’abord voir, dans ce changement, l’effet des agréments nouveaux de leur vie, dus à la présence de madame de Nerville et de madame de Malmont. Mais en observant davantage Adrienne, il fut convaincu que sa conduite actuelle n’était pas le résultat d’un mouvement spontané, qu’elle y apportait une sérieuse application et ne s’y maintenait que par une surveillance sévère sur elle-même.

Cette découverte ne fut point agréable à Félicien ; rien ne le touchait moins que ce retour tardif d’Adrienne vers lui. Il en éprouvait une impatience ennuyée. Après avoir épuisé tout ce qu’il avait eu d’inspirations tendres dans le cœur pour tâcher d’éveiller l’amour de sa femme, il le voyait naître tout à coup, sans