Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/264

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vorable à l’esprit d’examen. Mais, malgré sa jeunesse, son expérience l’avait déjà convaincu qu’il n’était pas besoin qu’il reniât ses sympathies pour vivre en paix avec lui-même ; que la conciliation des croyances en apparence les plus opposées n’est qu’une affaire de patience et de temps, parce que les vérités douteuses, menacées d’abandon, savent toujours se modifier pour s’accommoder aux vérités évidentes et démontrées.

Lui faudrait-il enfin renoncer à la femme, ce gracieux interprète de l’amour sur la terre ? Sans doute, ce n’était pas à lui qu’elle appartiendrait dans la plénitude de l’ardente saison de sa beauté et de ses passions, ou du moins elle lui serait disputée. Mais, à ces heures discrètes où le monde ne la connaît pas encore ou bien ne l’apprécie plus ; à cette heure de pureté suave où, le sentiment précédant le désir, son amour n’est qu’une divine expansion de son innocence ; à cette heure de mélancolique pudeur où, se sentant abandonnée par les charmes de la jeunesse, elle n’ose affronter les dédains de l’homme et s’enveloppe de piété pour voiler les mystères de son cœur brûlant : c’est lui, le prêtre, qui, revêtu comme elle de vertu et de