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chasteté, recueillerait les touchants trésors de son âme ; avec cette part méconnue, mais si précieuse et si enviable, que pourrait-il regretter ?

D’ailleurs, le jeune Eusèbe avait été orphelin dès son bas âge. Son amour filial avait gémi jusqu’au moment où il s’était aperçu que le culte si tendre que nous vouons à notre mère, celui que nous vouons à notre religion et à notre patrie, ne sont que des modifications du même sentiment. C’est toujours une indicible reconnaissance pour cette providence attrayante qui, mêlant le sourire aux bienfaits, nous aima et nous protégea dans notre faiblesse ; qui alimenta notre âme de poésie quand elle était incapable de se procurer elle-même cette divine nourriture, et dont les soins, fructifiant avec les années, permettent à nos derniers jours, si stériles, de recueillir la moisson embaumée des souvenirs.

Le temple, asile de cette religion bénie, était la vraie demeure du jeune Eusèbe. Incrédule même, il eût aimé le lieu saint : il y sentait la plénitude de cœur, l’émotion ineffable, les larmes heureuses que l’on ne retrouve ailleurs que sur le sein de sa mère ou le seuil de son foyer.