Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

professer pour lui la tendresse respectueuse due à tout parent à succession, mais sa vie indépendante et prime-sautière avait déjoué toutes ces combinaisons sentimentales. Depuis longtemps il n’était plus considéré, malgré sa qualité d’oncle, comme un caissier donné par la nature, ainsi que disent les vaudevillistes ; c’était plutôt une espèce de père prodigue sur l’héritage duquel on ne comptait plus.

Il avait pourtant des accès de libéralité qui se traduisaient en riches et charmants cadeaux pour sa nièce Adrienne. Mais il dépensait le plus clair de ses revenus à l’entretien de jolies femmes qu’il laissait dire ses maîtresses, — titre qui n’est souvent qu’une antiphrase, — mais dont en réalité il n’était pas du tout le maître et très-peu le serviteur. La vérité est qu’il aimait à avoir une compagne gracieuse et parée pour partager le plaisir d’une promenade, d’un souper, d’un voyage, d’un séjour aux eaux, etc.

Cependant la maladie et les années — il avait alors cinquante ans — lui avaient fait comprendre que ces liaisons éphémères laissaient bien des lacunes dans son existence. C’est dans cette disposition qu’il s’était senti attiré vers