Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/278

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sa famille. Lorsqu’il vit Cécile, il lui sembla qu’elle réalisait, en séductions et en vertu, ce qu’il attendait d’une femme, avec un peu de faiblesse peut-être, mais qu’il se flattait de soutenir et de diriger.

Huit jours ne s’étaient pas écoulés qu’il avait pénétré les sentiments secrets de chacun. Il connaissait la passion désespérée de madame de Malmont pour Félicien ; les combats que la délicatesse de celui-ci soutenait contre son amour ; le désir à demi formé qu’avait Mathilde de nouer entre eux une union illicite, de peur qu’un mariage ne lui enlevât la société d’une compagne aimable ; enfin, la naissante défiance d’Adrienne et de madame Milbert à l’égard de Cécile. En devinant tout cela, il se dit qu’il arrivait au moment favorable, mais qu’il n’avait pas de temps à perdre. Il s’adressa directement à la jeune femme, et, par quelques indiscrétions, suivies de réticences mystérieuses sur les découvertes qu’il faisait, il excita son inquiétude et sa curiosité, et l’amena à lui demander ce qu’il pensait d’elle.

— Je pense, lui répondit-il, que vous avez un cœur reconnaissant, capable de s’attacher à celui qui vous sauverait d’un grand péril.