Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/279

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— Où prenez-vous l’idée d’une telle supposition ? Aucun péril ne me menace.

— En êtes-vous bien sûre ?

Cécile rougit et baissa le front.

— Le péril, reprit-il, est dans une alternative désolante à laquelle vous n’échapperez pas : vous voulez que M. Dautenay vous aime, c’est déjà fait. Mais sa position d’homme marié lui donnant une part de responsabilité plus grande dans l’entraînement auquel vous auriez pu succomber tous deux, il s’en est défendu. Les rôles alors ont été intervertis entre vous. Aussi, le jour où il vous avouera son amour, toute résistance vous sera impossible. Je suppose, au contraire, que vous ayez le courage de fuir votre amant, vous serez accablée des ennuis de la solitude, attaquée de ce dépérissement de la beauté et de la santé qui est la punition des femmes trop vertueuses. Vous êtes atteinte déjà de cette langueur fatale. Je vous ai tout à l’heure ressuscitée à demi en vous disant que M. Dautenay vous aime ; mais quand je ne serai plus là pour vous le répéter, vous ne le croirez plus, ou vous l’oublierez par conscience, et vous retomberez dans votre anéantissement.